4/4/20246min

La charcuterie Le Grand n’est plus une TPE depuis longtemps. Avec 14 collaborateurs, cette PME de Plonévez‐Porzay installée à la pointe du Finistère a subi de plein fouet l’envolée des factures. Nous avons rencontré Tiphaine Le Grand qui gère l’établissement avec son mari. Elle nous explique comment ils ont surmonté cette épreuve et fait baisser la note d’électricité.

Visuel Baisse les watts

La charcuterie Le Grand existe depuis longtemps ?

Tiphaine Le Grand : Depuis 1936 ! Cela fait trois générations. Le magasin a été créé par les grands-parents de mon mari. De mon côté, Nous sommes également charcutiers depuis trois générations. Et toujours à Plonévez. Avec quelques rénovations cependant. Chaque génération a effectué des changements et agrandi la charcuterie. Aujourd’hui, la boutique fait 40m2 environ et emploie 14 salariés.

Tous les collaborateurs sont charcutiers ?

Tiphaine Le Grand : Non. Charcutiers, cuisiniers, pâtissiers, bouchers et vendeuses. Et une comptable, moi-même. L’ensemble de ces différentes professions s’explique par le fait que nous sommes aussi traiteur. Et puis, nous avons deux camions pour les marchés. Trois personnes font les marchés de la Presqu’île, de Douarnenez et des environs.

Dans les charges, le poste électricité est important pour la charcuterie Le Grand ?

Tiphaine Le Grand : Cela représente 5000 euros par mois.

Y compris les camions ?

Tiphaine Le Grand : Les camions ne consomment pas. Nous les chargeons le matin pendant une heure. Lorsqu’ils sont de retour, nous les vidons et tout est remis au frais dans nos frigos. Les camions ne sont pas refroidis la nuit.

Avant la crise, le poste électricité s’élevait à combien ?

Tiphaine Le Grand : Nous étions à 3000 euros par mois. Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que les 5000 euros mensuels actuels sont le résultat d’une négociation avec notre fournisseur d’énergie. Au deuxième trimestre 2023, nous avons reçu une facture de 27 000 € ! Soit 9000 euros par mois ! Là, je souhaite remercier notre syndicat qui nous a aidés. Grâce à leur appui, nous avons pu renégocier le contrat et redescendre à 15 000 euros au trimestre suivant. Sans le poids et l’investissement du syndicat, nous n’aurions jamais pu revoir à la baisse notre facture.

Vous savez si vos confrères ont subi la même hausse ?

Tiphaine Le Grand : Nous sommes un cas presque unique. Les établissements de moins de dix salariés bénéficient du bouclier fiscal avec une hausse de 10% « seulement ». Nous ne sommes que trois charcuteries dans le Finistère à dépasser les 10 salariés. Et encore, les autres n’avaient pas le même contrat que nous. Nous avons dû tout de même régler la facture de 27 000 euros ! En revanche, avec EDF, nous avons pu négocier pour les trimestres suivants.

Quels sont les postes énergivores ?

Tiphaine Le Grand : Les frigos. Nous avons sept frigos avec des moteurs en extérieur. Cela doit représenter au moins 50% de notre facture. Nous avons également les cuissons de nuit. Nous sommes en basse consommation avec cuissons lentes. Cela reste quand même le deuxième poste de consommation.

Les cuissons nocturnes correspondent à un changement d’habitude ?

Tiphaine Le Grand : Oui. Nous avons changé les machines donc ces cuissons lentes sont désormais possibles. Nous faisons continuellement évoluer le matériel et nous avons privilégié cette solution de nuit, qui est plus avantageuse pour nos collaborateurs. Nous n’avons plus de grandes casseroles. Pour eux, cela représente moins de vaisselles, moins de charges lourdes. Les machines s’élèvent toutes seules. Nous nous adaptons afin de pouvoir travailler avec nos collaborateurs dans de bonnes conditions et ainsi rester compétitif.

Le changement n’est donc pas forcément lié à la crise ?

Tiphaine Le Grand : Pas forcément. Les gens ici sont respectueux. Depuis toujours, nous éteignons la lumière en quittant une pièce. Nous ne consommons pas à outrance. Nous n’avons pas changé fondamentalement nos habitudes. Peut-être courrons-nous un peu plus afin d’éteindre la lumière… Mais le résultat est marginal sur la facture. C’est sûr que les nouvelles machines consomment moins, mais il faut les financer !

Vous avez des aides pour changer votre matériel ?

Tiphaine Le Grand: Nous n’avons jamais bénéficié d’aide. En 20 ans, Nous avons reçu une seule subvention et c’était il y a 20 ans ! Il s’agissait d’un piano à gaz. Nous avons effectué d’autres demandes pour différents matériels, mais nous ne correspondons jamais aux critères demandés.

D’autres matériels consomment ?

Tiphaine Le Grand : Oui, les vitrines. Il s’agit de la même consommation que les frigos puisqu’il s’agit de froid. Ensuite, loin derrière, nous trouvons le poste lumière.

Pourquoi bénéficier des conseils prodigués par Baisse les Watts ?

Tiphaine Le Grand : Nous avons bénéficier d’un accompagnement dans les dossiers d’aides et de subventions. Nous regardons si, en ayant plus de 10 salariés, nous pouvons obtenir des aides supplémentaires. Baisse les Watts nous permet également de challenger nos actions. Nous sommes en passe de repenser nos vitrines : doit-on les éteindre chaque soir par exemple en se posant la question de la surconsommation de les rallumer tous les matins ? Nous attendons un retour du fabricant de vitrine sur ce sujet.

Les gestes du quotidien ont évolué ?

Tiphaine Le Grand : Nous sommes encore plus vigilants. Tout le monde est au « courant » de la facture ! Nous souhaitons que tous nos collaborateurs se responsabilisent : débrancher les balances, les caisses…

La charcuterie Le Grand a donc rempli le carnet de bord

Tiphaine Le Grand : Oui, grâce à ce carnet de bord, je peux surveiller la consommation en temps réel par tranche de 24h, ce qui est très pratique et instructif ! EDF ne me fournit pas ce service et je n’ai pas cette info sur mes factures.
Le programme « Baisse les Watts » nous permet également de vérifier si nous adoptons les bons gestes dans notre boutique et au laboratoire. Évidemment que nous ne mettons pas un four à côté d’un frigo, il y a pas mal de bon sens, mais un petit rappel régulièrement est indispensable ! L’électricité est une préoccupation de chaque instant, nous sommes de vrais néo écolos !

Vous pensez à l’auto consommation ?

Tiphaine Le Grand : Nous nous sommes renseignés, « Baisse les Watts » nous aide et nous conseille sur ce sujet avec la prise de photos de nos toits afin de vérifier l’exposition et la viabilité du projet. Nous sommes qu’au début du processus, nous ne savons pas pour le moment si ce projet pourra couvrir 100% de notre consommation. Nous l’espérons !

Membre de la Charcuterie Gourmande

La charcuterie Le Grand est membre de l’association La Charcuterie Gourmande. « Nous sommes une quinzaine de charcuteries dans le Finistère à y adhérer. » précise Tiphaine Le Grand. « L’objectif est de promouvoir nos établissements en mettant en commun des actions de communication et en regroupant nos achats chez certains fournisseurs. » Chacun bénéficie ainsi de prix préférentiels tout en restant indépendant. « Nous avons un groupe Whatsapp, cela nous permet d’échanger rapidement sans attendre la programmation d’une réunion. Nous gagnons en réactivité, en efficacité, et nous ne sommes pas seuls dans notre coin face aux nombreuses problématiques ». Il est probable que cette idée soit reprise au niveau national.

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