10/11/20235min

Restaurateurs : comment stopper l’envolée des factures d’électricité ?

En 2023, les prix sur les marchés du gaz et de l’électricité sont près de dix fois supérieurs à ceux de 2020*. Parmi les entreprises les plus impactées, car les plus énergivores, celles de l’hôtellerie-restauration subissent cette augmentation de plein fouet. Comment réduire sa facture d'électricité pour faire face à la hausse des prix ? Nos conseils.

Restaurateurs - comment réduire votre facture d’électricité - Baisse Les Watts.jpg

Des aides entreprises jusqu’à fin 2023 pour faire face à la hausse des factures d'électricité

Dans un restaurant, on consomme en moyenne 34 400 kWh annuellement, soit 244 kWh/m²… et jusqu’à la crise énergétique actuelle, la facture d’électricité moyenne s’établissait à 3300 € HT.** Mais ça, c’était avant. Avec l’envolée des prix sur l’énergie depuis 2021, beaucoup de restaurateurs s’inquiètent : vont-ils pouvoir continuer à faire chauffer leurs fours... et refroidir leurs frigos ? Pas d’affolement : sachez d’abord que vous pouvez bénéficier des aides aux entreprises et dispositifs de soutien mis en place par le gouvernement pour faire face à la hausse exceptionnelle des prix de l’énergie. Mis en place dès la fin de l’année 2022, suite à plusieurs semaines de discussions avec les fédérations professionnelles, les collectivités locales, les parlementaires et la Commission européenne, ces mesures ont pris effet pour certaines dès l’automne dernier, d’autres au début de l’année, et seront toutes maintenues au moins jusqu’en 2023. Mais c’est peut-être aussi le moment de réfléchir à optimiser votre consommation : car vos dépenses énergétiques peuvent aussi se réduire, grâce à des investissements judicieux et à l’instauration de quelques mesures d’économies !

Des mesures d'aides entreprises pour réduire sa facture d'électricité :

Aides fiscales, bouclier tarifaire, amortisseur d’électricité… on fait le tour :

Baisse de la fiscalité pour les entreprises

Toutes les entreprises bénéficient de la baisse de la fiscalité sur l’électricité (TICFE) à son minimum légal européen et du mécanisme d’ARENH (120TWh). Elles peuvent aussi demander à reporter le paiement de leurs impôts et de leurs cotisations sociales (hors TVA, taxes annexes et prélèvement à la source), jusqu’à la fin 2023. Les demandes seront étudiées au cas par cas, par l’administration fiscale et par l’Urssaf. Si vous aviez déjà un plan d’apurement Covid en cours, il pourra être rééchelonné.

Bouclier tarifaire : une augmentation plafonnée à 15% pour les TPE

Les TPE (moins de 10 salariés, deux millions d’euros de chiffre d’affaires et compteur électrique d’une puissance inférieure à 36 kVA) sont éligibles au bouclier tarifaire, qui vise à protéger les particuliers comme les petites entreprises d’une trop forte hausse des prix d’électricité. Depuis janvier 2023, l’augmentation des factures est ainsi plafonnée à 15 %.

Amortisseur électricité pour les PME : pas de démarche

Les PME, mais aussi toutes les TPE qui ne sont pas protégées par le bouclier tarifaire car elles ont un compteur électrique d’une puissance supérieure à 36 kVA, bénéficient du nouveau dispositif d’amortisseur électricité : concrètement, celui-ci permettra d’obtenir une aide forfaitaire sur 25 % de la consommation des entreprises, pour compenser l’écart entre le prix plancher (fixé à une moyenne de 325€/MWh, prix du mégawattheure de référence pour la part d’approvisionnement au marché de leur contrat) et le prix plafond (fixé à 800€/Mwh.) L’aide maximale sera donc d’environ 120€/MWh. Pour en bénéficier, pas de démarches à faire : cette réduction sera automatiquement et directement décomptée de la facture d’électricité de votre restaurant. Il faut juste télécharger sur le site du ministère de la Transition énergétique une attestation d’éligibilité, à remplir et à transmettre à votre fournisseur.

Le guichet d’aide pour les TPE/PME les plus énergivores

Vous avez un grand hôtel restaurant, vous gérez plusieurs établissements, ou une entreprise d’hôtellerie de plein air ? Alors, vous pouvez être concerné par le guichet d’aide mis en place pour les entreprises les plus énergivores : pour en bénéficier, il faut en effet que votre facture, une fois allégée par le dispositif de l’amortisseur, soit toujours du double au moins de celle que vous payiez en 2021, avant les hausses. Et que vos dépenses d’énergie représentent 3 % du chiffre d’affaires en 2021 (ou 6 % sur le premier semestre 2022) après prise en compte de l’amortisseur. Les montants de cette aide, entrée en vigueur début 2023, varient selon le montant de votre facture d’électricité en 2021, et peuvent aller jusqu’à l’équivalent de 70 % de votre consommation 2021. Vous pouvez tester votre éligibilité grâce à un simulateur, sur l'espace professionnel du site www.impots.gouv.fr .

Négociez avec votre fournisseur d'électricité

Si le contrat que vous aviez signé il y a quelques années a « explosé » suite à la hausse des tarifs, commencez par négocier. D’ailleurs, votre fournisseur actuel va peut-être de lui-même venir vers vous, puisque tous ceux qui ont accepté auprès du gouvernement de s’engager dans une démarche « pro-active » auprès de leurs clients professionnels devront contacter ces derniers par mail, courrier ou téléphone, lorsque leur facture atteint des sommets, pour étudier ensemble les moyens de la faire baisser. Les négociations se feront au cas par cas, pour tous ceux qui auraient par le passé conclu des contrats à des prix devenus « prohibitifs ». A savoir, la plupart des fournisseurs s’étaient déjà engagés sur 25 points, dans une charte signée en octobre 2022, pour aider les consommateurs professionnels à faire face à la crise énergétique : ils ont réitéré en début d’année, à Matignon, leur attachement à cette charte et leur engagement formel à la faire respecter, ou à corriger les manquements constatés. N’hésitez pas à le rappeler, le cas échéant, à votre interlocuteur !

Optimisez votre consommation pour réduire votre facture d'électricité

Le poste cuisson, c’est 30 % des dépenses énergétiques, dans un restaurant. Mais le froid n’est pas à négliger : 20 % de la facture est représentée par les frigos, indispensables à la bonne marche de toute affaire en hôtellerie-restauration. Autres secteurs énergivores : la ventilation (13 % des dépenses énergétiques totales) et l’éclairage (20%).

Investir avec un retour sur investissement en moins de 3 ans

Mais ces dépenses énergétiques ne sont peut-être pas si incompressibles que vous le croyez. Selon une étude d’Engie**, investir dans de nouvelles installations moins énergivores peut être un bon choix. Par exemple, pour la cuisson, des plaques à induction, des économiseurs de plaques de cuisson ou des brûleurs séquentiels pour affiner le réglage des feux, des fours à convection forcée ou à vapeur. Et pour des travaux plus importants, si vous en avez la possibilité, l’isolation performante des toits, cloisons, vitrages, une chaudière basse consommation ou une pompe à chaleur… Pensez aussi aux échangeurs thermiques, ou ballons thermodynamiques, pour recycler la chaleur excédentaire, importante, des appareils de production de froid et de cuisson. Certes, ces derniers investissements sont les plus longs à amortir, mais ils peuvent faire l’objet d’aides à la rénovation énergétique, d’emprunts aidés ; et à long terme, vous serez gagnant ! Selon Engie, les économies réalisées par des travaux d’amélioration énergétique et de remplacement des équipements énergivores, dans un restaurant, peuvent représenter jusqu’à 50% de ses dépenses énergétiques totales, avec un retour sur investissement en moins de 3 ans !

Les gestes éco-énergétiques pour réduire sa facture d'électricité

Des appareils moins gourmands en énergie, ça ne suffit pas. Il faut savoir les entretenir et bien les utiliser ! Cela peut sembler évident, et pourtant tous les restaurateurs n’ont pas forcément à l’esprit les "bons gestes éco-énergétiques » qui pourraient aider à faire baisser les factures ! Gardez-les en tête et affichez les dans vos cuisines, pour que tout votre personnel les applique :

  • Brûleurs à gaz, fours, réfrigérateurs : nettoyez les grilles à l’arrière et les brûleurs, dégivrez et dépoussiérez régulièrement les équipements de réfrigération, vérifiez les joints et charnières de tous les appareils, pour améliorer leur rendement mais aussi leur durée de vie.
  • Mettez des couvercles sur les casseroles : cela peut paraître anecdotique, mais le gain d’énergie est évalué à 75 % !
  • N’ouvrez pas inutilement la porte du four : la température chute de 5° en une seule seconde. Limitez les périodes de préchauffage à dix minutes et éteignez avant la fin de la cuisson pour profiter de la chaleur résiduelle.
  • Restez entre 163°C à 177 °C pour les friteuses.
  • Les appareils frigorifiques doivent toujours être éloignés des sources de chaleur, les plats encore chauds ne doivent jamais aller directement au réfrigérateur.
  • Regroupez les livraisons afin de limiter les ouvertures des appareils frigorifiques. Ne surchargez pas les chambres froides et contrôlez régulièrement leurs températures.
  • Ne laissez pas les appareils en veille.
  • Optimisez l’éclairage : détecteurs de mouvement qui allument seulement quand on passe et éteignent automatiquement, dans toutes les zones de stockage, les caves, les couloirs, les toilettes, les extérieurs; puits de lumière naturelle si possible ; ampoules LED, qui durent une dizaine d’années et consomment dix fois moins d’électricité que des ampoules halogènes.
  • Profitez de votre compteur intelligent pour surveiller et optimiser votre consommation ; la plupart des fournisseurs vous proposent d’ailleurs, grâce à ce dernier, des analyses en temps réel de votre consommation, pour mieux la contrôler.

*Sources : Ministère de l’Economie ** Sources : Engie

Inscrivez-vous au Carnet de bord Énergie.

Retrouvez nos fiches spéciales par filières d'entreprises.